Hélène Royer
Psychologue Lyon 6

Prochaines conférences

Neutraliser les attaques perverses narcissiques et autres relations toxiques

21 Mars et 6 Juin

sur Lyon 1er.

Perversion narcissique

Les écrits ci-après correspondent pour 90% d'entre eux à une reformulation des propos de M. Sirota André, et plus spécifiquement de l'ouvrage : Figures de la perversion sociale, 2003.

André Sirota est directeur de recherche et professeur émérite de psychopathologie sociale de l'université Paris Ouest Nanterre La Défense. De 2006 à 2014, il a été Président de la Société Française de Psychothérapie Psychanalytique de Groupes. Depuis 2012, il préside un mouvement d'éducation nouvelle, les CÉMÉA (centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active). Il est aussi chercheur associé aux travaux de la FESPİ (Fédération des Établissements Scolaires Publics İnnovants)

Le mouvement pervers narcissique : façon organisée de se défendre de toutes douleur et contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui et non seulement sans peine mais avec jouissance

(Les perversions narcissiques, Paul-Claude Racamier, 1992)

Interview de votre psychologue Hélène Royer par le site Rhône-Alpes Santé

Sujet 1 : Le pervers narcissique, une personnalité difficile à débusquer

Comment reconnaît-on un pervers narcissique ?

Hélène Royer : Nous avons levé une forme de tabou en parlant davantage sociétalement ces dernières années de perversion narcissique. Le terme latin “pervertire” signifiant “retourner, renverser”. Celui de “narcissisme” renvoyant ici à un investissement exclusif, et nous le verrons ci-après, qui relève de la survie, du pervers narcissique à son image sociale. Tout comme parallèlement au fait que ce dernier tente, à travers ses nombreuses attaques irruptives et intrusives, de dénarcissiser l’autre c’est-à-dire de le vider de son narcissisme. Ceci, dans l’optique d’annihiler ce qui constitue sa contenance, c'est-à-dire : son amour de soi, son estime de soi, sa confiance en soi, son image de soi ; en court-circuitant ses ressentis perceptuels, ses émotions, ses pensées, etc. Le but ultime du pervers narcissique étant de nier le sentiment d’exister de l’autre. Ce qui est très puissant !

Cela étant, deux écueils seraient :

  • De galvauder ce terme en l’appliquant trop rapidement à des situations irrespectueuses, de manipulation et de prise de pouvoir pouvant être réalisées pour d’autres fins. Même si elles s’y apparentent. Par ex : quelqu’un peut vous crier dessus très fréquemment et vous rabaisser en pensant sincèrement ainsi vous rendre plus fort. Autre exemple : un manageur peut vous donner des missions impossibles à réaliser, tout en vous reprochant de ne pas y parvenir, car il est lui-même peureux de perdre son poste, face à une politique d’entreprise dysfonctionnelle, ou inhumaine et pouvant, pour le coup, créer des effets pervers  ! 
     
  • D’associer systématiquement et ainsi confondre harcèlement moral et perversion narcissique ! Le pervers narcissique usant il est vrai du harcèlement à travers des techniques qui lui sont propres, alors qu’une personne non perverse narcissique peut très bien en harceler une autre pour d’autres motifs. Par ex : une personne érotomane peut vous harceler car elle pense réellement que vous lui résistez alors que vous l’aimez secrètement ! Autre exemple : une personne paranoïaque peut penser que vous lui voulez du mal et vous harceler verbalement voire juridiquement

La perversion narcissique ne définit ainsi non pas seulement un comportement, une attitude mais un mode de fonctionnement psychique du pervers narcissique menant à cette configuration.

Ceci étant précisé, le plus important lorsque l’on suppose être victime d’un pervers narcissique est de savoir d’abord se protéger de telles attaques abusives et dévalorisantes avant même d’être sûr que ces dernières nous sont adressées par un pervers narcissique. Il sera toujours temps ensuite de le spécifier...

On retrouve cependant quelques traits caractéristiques chez le pervers narcissique :

Oui. Tout comme un processus menant de l’emprise insidieuse aux tentatives d’annihilation de la personne ciblée.

Ce processus se déroulant en 3 étapes pouvant se superposer :

1/ Une phase de séduction/fascination,

2/ Une phase d'affaiblissement, par une mise en doute de la victime et d’isolations, 

3/ Une phase de dénarcissisation (dévalorisations) et d’annihilation (c'est-à-dire de négation du sentiment d'exister d'autrui). 

 

La plupart du temps, dans le cadre d’une rencontre amoureuse, le pervers narcissique créera un début d’histoire intense par lequel il s’engagera rapidement. Le ou la partenaire aura le sentiment d’être comme élu/e sans hésitations aucunes du côté du pervers narcissique. Il créera ainsi un lien fort menant déjà à une forme d’emprise. Dans une seconde phase, également vite advenue, il œuvrera à un isolement de la personne ciblée en resserrant davantage les liens via par exemple : une exclusivité de la relation amoureuse, un mariage, l'arrivée d’un premier enfant, un déménagement en campagne, etc. Ceci tout en commençant, par un retournement, à déprécier la personne ciblée en lui faisant insidieusement et progressivement croire qu’elle n’est pas digne d’être aimée en dehors du couple, relation pour laquelle elle doit donc s’estimer chanceuse. Lors de la troisième phase, cette destitution s’amplifiera et la liste des incompétences attribuées à la personne ciblée s’allongera : jugée inintéressante intellectuellement, inapte à gérer ses émotions correctement, incapable de choix convenables et pertinents. Que ces choix relèvent aussi bien du domaine esthétique à travers ses coiffures, ses postures, ses achats vestimentaires et matériels ; que d’activités de loisirs ; qu’amicaux. Certains membres de sa famille seront également estimés ennuyeux voire toxiques.

Ce processus rapide de mise en relation amoureuse ressemble ainsi à celui pouvant se dessiner dans le cadre d’une conjugalité menant à la violence physique.
 

​Le pervers narcissique utilise parallèlement différents mécanismes pour atteindre sa cible tout en semant le doute sur la réalité de ses attaques :

1/ Le mécanisme du désaveu : il désavoue avoir déclaré ou demandé quelque chose.

2/ Le paradoxe : il demande successivement quelque chose et son contraire.

3/ L’annulation : il ignore la personne ciblée, ou bien il la néglige en s’adressant à elle indirectement via une personne tierce ou un objet tel un post-it. Le refus du dialogue voire les silences étant une façon de dire, sans l’exprimer avec des mots, que l’autre n’a pas assez de valeur pour que l’on s’adresse pleinement à lui. Par ailleurs, il peut aussi nommer avec conviction les pensées, les émotions et les intentions de la personne ciblée en tentant ainsi de lui faire croire qu’il connaît mieux qu’elle ses propres pensées, émotions et intentions.

4/ L’isolation : en privant d’informations la personne ciblée, en la mettant “au placard”. Ceci afin d’empêcher que se mettent en place une solidarité défensive autour d’elle.

5/ L’usage pervers de la langue : il détourne le langage pour sa forme, non pour son fond ; l’utilisant comme une arme. En avançant sous couvert de faux-humours, d’un vocabulaire souvent technique, docte, il attaque mais ne dialogue pas. Ce faisant, il s’autoproclame le représentant exclusif de pseudo-valeurs auprès desquelles les autres seraient coupables de déviationnisme.

6/ Les alliances complices ou témoins aveugles : en avançant masqué, il alimente ces illogismes en allant jusqu’à persuader certains membres du groupe qu’ils pourraient sauvegarder ou retrouver leur dignité en participant paradoxalement au sacrifice de la cible désignée ! L’un de ses buts étant le spectacle que fournit la mise en impuissance d’un tiers avec la participation du plus grand nombre de témoins-otages et/ou de complices actifs ou passifs. Ces complices étant simultanément dûment manipulés.

Il est doté d’une sorte de “machine à interpréter, à pétrifier et à récuser, évaluative et condamnatrice, appauvrissant autrui. Les autres ne sont ainsi qu’un faire-valoir à travers leurs disqualifications. Il s’octroie, dans ce même mouvement, l’autorité et la compétence exclusives de définir le profil et d’attribuer le label de l’appartenance. Il est le seul qui sait distinguer le bon grain de l’ivraie dans l’énonciation publique de cette distinction” (André Sirota, 2003)

Quelles sont donc les origines de cette pathologie ?

Hélène Royer : en attaquant autrui, le pervers narcissique espère inconsciemment recevoir des réponses à une configuration relationnelle qu’il a lui-même vécue. La psychanalyse explique que, depuis sa naissance, il a uniquement été investi comme une surface de projection par ses deux parents, qui à aucun moment ne l’ont considéré pour qui il était vraiment. Ces derniers l’ayant dans un double mouvement tout d’abord idéalisé puis annulé. Deux cas de figures pour lesquels il aurait été objectalisé et n’aurait pu se sentir exister subjectivement à travers une reconnaissance de ses qualités individuelles, ni ressentir d’amour en interaction avec ses deux parents. D’où le fait qu’il n’ait pu se construire qu’un pseudo-narcissisme.
 

N’ayant pu découvrir ce que sont les émotions vraies, ni en partager authentiquement en interaction avec autrui, connaissant uniquement la fausseté, les apparences, les simulations, il les surinvestit pour ne pas dévoiler son gouffre interne. Vide narcissiquement, il erre en réalité telle une coquille d’oeuf (cf le schéma ci-dessous) en surface brillante, sans failles mais dépourvue intérieurement de qualités positives. Coquille qu’il pose comme un écran entre lui et les autres. Et… fascine ! Pourtant c’est lui qui est fasciné par les émotions positives et empathiques, complexes des autres. Envieux de ne pas en avoir pu en intérioriser de telles.
 

Cet état interne et relationnel est renforcé par le fait qu’il a, en outre développé une part paranoïaque. Ceci en raison du fait qu’il fut attaqué par ses deux parents. Il est ainsi affolé lorsqu’il se trouve face à deux personnes ou plus : craignant d’être à nouveau victime d’une alliance néfaste et annihilante. C’est pourquoi il brise les liens interpersonnels. En faisant revivre la même chose à une personne cible, c’est-à-dire en tentant de nier son existence, il est traversé par un sentiment à la fois de jouissance mais aussi de panique interne. Angoisse alimentée par le fait que si, à son tour, des années plus tard, il peut prendre le pouvoir en reproduisant ce qu’il a vécu, alors d’autres pourraient encore lui faire revivre le même traumatisme. Il préfère donc paradoxalement se ranger du côté des bourreaux. En attaquant sa victime il cherche à voir comment elle parviendra à se défendre/se sortir du même désaveu pour lequel lui n’a pu se préserver. Par ce fait, il cherche également à comprendre ce qu’est le sentiment d’exister.

       Schéma explicatif :

Schéma explicatif du pervers narcissique - Hélène Royer Psychologue à Lyon

Pervers narcissique :

Sa coquille vide a comme seuls contenants un déni vengeur en écho au désaveu subit. Tout comme une angoisse d’effondrement de cette coquille ne pouvant dévoiler aucune faille car sans contenants suffisants. Un fantasme d’auto-engendrement menant à un sentiment de toute-puissance et de toute-jouissance.

Fasciné par le fait que les autres vivent quant à eux avec des failles il a développé des antennes pour les trouver et voir comment ils se comportent en les pointant.

Il pense également pouvoir se repaître ainsi du narcissisme des autres, ce qui est illusoire car on ne peut se construire une intériorité ni une image de soi saines en attaquant autrui ! Il ne fait donc en réalité que les en vider.

Ce faisant il évite de dévoiler le fait qu’il ne sait pas dire « je », qu’il ne ressent pas d’émotions vraies tout en utilisant les autres comme « faire-valoir ».

Autrui :
 

Elle compare le/la pervers/e narcissique à un vampire qui aspirerait sa substance vitale et la laisserait comme une enveloppe vide.

Elle se sent paralysée, pétrifiée dans ses capacités à penser et à ressentir.

 

“Pour le pervers psychosocial, dans la vie sociale, il n’y a pas d’autre scénario relationnel qui existe que celui par lequel l’un est asservi à l’autre, par lequel l’un doit être anéanti par l’autre, dans lequel l’autre doit avoir consenti à sa reddition. Pour s’assurer la place exclusive qui permet d’asservir autrui ou de réduire l’autre à l’impuissance, il est capable [sans foi ni loi] de cruauté et d’abjection” (André Sirota, 2003).

Peut-on soigner un pervers narcissique ?

Hélène Royer : Hélas, les pervers narcissiques ne vienne pas en consultation pour eux, ni de leur plein gré ! Parfois, nous en croisons en thérapie conjugale, ces derniers espérant :
• Soit que leur compagne/gnon vienne ensuite en thérapie seul/e, c'est-à-dire que cette démarche se transforme en thérapie individuelle. Annulant ainsi la thérapie conjugale. Tout en insinuant que leur compagne/compagnon nécessite une aide personnelle originant l'ensemble des difficultés rencontrées au sein du couple. 
• Soit que le cadre thérapeutique leurs permettra, en présence d'un tiers et professionnel, d'humilier davatange le/la partenaire. Ceci, plus ou moins subtilement. 
• Et/ou que la thérapie les victimisera en reconnaissant unilatéralement qu'ils subissent les frustrations liées à la relation. Ceci afin de culpabiliser le/la partenaire. 
Par ces positionnements, ils tenteront de prendre le pouvoir sur le thérapeute en le séduisant et/ou en l'attaquant, et de prendre le pouvoir sur le cadre thérapeutique. Sans réelle considération pour les règles instaurées dans ce cadre. Ce, tout en espérant secrètement ou explicitement, que le/la compagne/gnon sera identifié comme porteur d'une pathologie. 
 
Les professionnels de la santé mentale et psychologues peuvent ainsi donc davantage rencontrer des pervers/es narcissique/s en thérapie collective : conjugale, familiale, dans le cadre d'une thérapie d'enfant ; en entreprise. En supervision de groupes et/ou lors d'animant de groupes de formation.

Nous supposons qu’il existe différents degrés de perversion narcissique. Nous savons avec certitude que certaines personnes utilisent plus ou moins ponctuellement des défenses perverses c’est-à-dire quelques mécanismes comme ceux cités précédemment sans être perverses narcissiques. De surcroît, nous avons tous une part de perversion “de secours” à laquelle nous pouvons faire appel pour pouvoir, si besoin, un tant soit peu penser comme le pervers narcissique dans l’unique optique d’anticiper ses prochains coups et mieux nous en défendre. Le recours à cette part culpabilisant les victimes qui, en y puisant, en arrivent parfois à se demander si elles ne sont pas elles mêmes aussi tordues que leur agresseur. Ce qui est faux puisqu’elles préféreraient ne pas penser ainsi et éviter d’avoir à le faire, n’y trouvant aucun plaisir. Et étant donné qu’il aura instinctivement une longueur d’avance quant à cette façon de penser, étant donné qu’il est lui malade. Nous avons donc tous accès à ces pensées-défenses en cas de situation extrême. Chez le pervers narcissique, c’est un mode de fonctionnement installé et pathologique.

 

Comme nous avons commencé à le voir à la question précédente, le pervers narcissique a développé une vision du monde très altérée. Décrété symboliquement grand avant d’avoir fait le travail de grandir lorsqu’il a été porté aux nues par ses ascendants, puis annulé comme s’il n’était pas lié à eux, il a nourrit le fantasme d’auto-engendrement. Non-accueilli par ses parents à la place lui revenant dans la succession des générations, il n’a pu l’intégrer et se retrouve donc dans un déni des différences entre les générations. Et également, dans un “déni des origines” (Jean-Paul Racamier, 1992, p. 124).

De là, il ne supporte pas, ressent comme intolérables :

1/ La loi, les règles : Il tend à défaire les institutions les représentant et n’aime pas les conventions, le droit ou les cadres sociaux ordonnant explicitement les places et rôles de chacun.

“Or, sans un accord conscient sur des règles communes dans un ensemble social aucun travail ne peut avoir lieu, aucune décision concertée ne peut être prise, aucune régulation ne peut advenir : car il n’y a alors de place que pour les décisions individuelles !”, André Sirota, 2003.

“Si un cadre régit par des règles connues ne l’intéresse pas, c’est parce qu’elles peuvent être utiles à d’autres que lui. Il préfère donc le flou grâce auquel il peut, si besoin, évacuer en toute tranquillité et impunité, sans avoir à le dire, sans être vu, une règle qui le gêne pour en improviser une autre”, André Sirota, 2003.

2/ L'autorité : s’il n’occupe pas un poste lui permettant de la représenter et de l’incarner autant qu’il pourrait en user et abuser, il peut faire passer l’autorité ou ceux la représentant comme des entraves à l’initiative, à la création, comme irrespectueuse d’un projet collectif ou de principes. Ceci, au mépris des faits. En pourfendant l’autorité, il peut susciter l’admiration voire créer autour de lui un groupe de soutien. Ceci étant, ceux qui le suivront le feront à leur détriment.
 

3/ Les liens, les contenants, la fonction tierce : permettant les espaces d’intériorisations et d’extériorisations nécessaires, la centralisation sur la tâche, l’élaboration et la transformation.
 

4/ Les origines, l’histoire, les prédécesseurs, les différences entre les générations : il tire des traits sur l’histoire et n’aime pas ceux en position de pouvoir rappeler les faits relatifs aux origines. Ainsi il peut vouloir les prédécesseurs près de lui mais réduits au silence.
 

5/ Les systèmes démocratiques de différenciation des places, l'ordre culturel et symbolique : il est fortement persécuté par les situations de groupe en général et plus particulièrement celles qui ont un fonctionnement démocratique. Il n’y voit en effet qu’un champ de bataille où il se sent seul face à l’ennemi. A quoi s’ajoute qu’il se sent seul malgré toutes les alliances qu’il a pu manœuvrer pour obtenir que d’autres lui servent d’auxiliaires.
 “D’où la parenté entre cette perversité et la paranoïa. Il vaut donc mieux pour lui prendre systématiquement les devants et attaquer la cible. Ainsi il créé chaque fois qu’il le peut une situation de conflagration là où la paix régnait avant qu’il ne parle, semant la confusion dans le système local de différenciation des places”, André Sirota, 2003.
“Plus qu’entraîné, il tire toujours le premier, par surprise, imputant projectivement à ses victimes la responsabilité des coups qu’il vient d’administrer. Ceux qui n’ont aucune raison de se préparer d’avance à la guerre sont toujours désarmés face à ce genre de provocation transgressive, irruptive, parfois séductrice, souvent brillante et destructrice”, André Sirota, 2003. 


6/ La coopération, les travaux productifs, féconds : sa panique interne face au/x lien/s, l’amène à dénoncer les échanges, le travail de groupe comme n’abordant pas l’essentiel. De lutter contre tout plaisir partagé. Ceci, car il ressent une sorte d’étrangeté qu’il ne comprend pas dans toute situation coopérative et féconde, l’obligeant à s’y opposer jusqu’à la dernière énergie. Ainsi, le lieu, les participants ou le moment ne sont jamais les bons.

7/ La dignité, l'intégrité, le narcissisme d’autrui : en ne voyant chez l’autre que ce qui lui paraît manquer ou être en trop. En prêtant à l’autre ou aux autres, sans argumentation étayée, de façon diffamante, affabulatoire, des pensées ou motivations mauvaises, inavouables. Il suggère que ceux-là ne seraient pas ici à leur place, auraient commis des actes répréhensibles à l’exception de tout autre membre digne d’une communauté considérée.

 

De là, il ne supporte pas : tout ce qui ordonne et lui permettrait d'être découvert, tout ce qui ouvre des espaces de rencontres intermédiaires permettant l’expression des individualités, la subjectivité, la reconnaissance mutuelle.

Le psychologue aurait ainsi beaucoup de points structurels et représentationnels à reprendre et à retravailler en relation thérapeutique avec le pervers narcissique. 

Lorsque l’on côtoie un pervers narcissique, il est difficile de le débusquer. Est-ce que le plus souvent, ce sont les proches qui tirent la sonnette d’alarme ?

Hélène Royer : Comme on en parle de plus en plus, de nombreuses personnes viennent en consultation en demandant si les difficultés vécues en relation avec leur mari, leur compagnon, leur beau-père, leur collègue... relèvent ou non de la perversion narcissique. Je leur explique alors pourquoi et comment fonctionne le pervers narcissique, ce qui se joue dans la relation, et comment s’en défendre. La priorité n’est tout d’abord pas de savoir si l’on a ou non bien affaire à un pervers narcissique, mais d’apprendre à la personne victime à se protéger et endiguer voire neutraliser les attaques qu’elle subit. 

Le pervers narcissique s’attaque-t-il uniquement à des gens faibles ?

Hélène Royer : Le pervers narcissique s’attaque à tout ce et tout ceux qui représentent et constituent le sentiment d’exister et les liens. C’est-à-dire tout ce qui est déjà-là, naissant, créatif ; et à travers ces éléments : le je, l’altérité, la reconnaissance, le désir, le plaisir, le partage, ceci dans l’optique de tenter de détruire ces parts essentielles au soi, et/ou de tuer chaque projet intersubjectivement fécond dans l’oeuf. Ainsi, comme nous l’avons vu à travers le schéma ci-dessus, il pourra choisir de cibler une personne en raison de ses fragilités (grâce à ses antennes à repérer les faiblesses chez autrui. Fasciné qu’il est que nous puissions être porteurs de failles sans être vides à l'intérieur), tout comme de s’en prendre à une personne ayant une grande contenance (intéressante à vider), ou bien fédératrice ou force d’idées et de propositions (créant des liens qui l’insupportent), tout autant qu’à une personne aimant tellement prendre soin d’autrui qu’elle essayera de le comprendre et de l’aider avant même de lui imposer des limites (lui laissant de ce fait davantage de temps pour insinuer en elle le doute et l’affaiblir). De ces faits nous sommes tout un chacun des cibles potentielles !

Est-ce que le pervers narcissique ne révèle sa vraie personnalité qu’à une seule victime, ou peut-il en avoir plusieurs en même temps ?

Hélène Royer : en attaquant une personne cible, le pervers narcissique réduits également à l’impuissance des tiers. Que ces derniers en soient témoins, otages, aveugles, conscients, qu’ils soient sur la défensive, silencieux, et même complices. Il fait donc d’une pierre plusieurs coups ! Le pervers narcissique aime sidérer, paralyser la pensée et les émotions d’autrui. Il aime créer des déflagrations là où régnait la paix auparavant.

Certaines atteintes, en apparence très anodines (à travers une gestuelle, un regard, un changement de prosodie, de ton, etc.) interrogent sur la réalité des coups qu’il porte. D’autres souterraines, touchent autrui tout en ne lui en laissant qu’une trace sous forme de doute. Parfois, il réalise comme en temps de guerre, un travail de sape, en creusant un tunnel, ici symbolique, menant sous l’ennemi/la personne cible, pour y poser une bombe, puis se retirer tout en observant la scène, et la voir exploser. Par exemple, un ex-conjoint pervers narcissique peut lors d’une réunion éducative organisée pour leur adolescente dyslexique, laisser son ex-compagne s’exprimer sur les aménagements nécessaires à sa bonne scolarité eu égard à ses difficultés, pour ensuite prendre la parole et dire que, ceci étant dit, l’équipe pédagogique est tellement compétente et les progrès de leur fille visibles (tunnel dirigé vers son ex-compagne, sous couvert de compliments pour aveugler l’équipe), que peut-être exagère-t-on les besoins de cette jeune nécessitant probablement uniquement quelques encouragements (bombe destinée à son ex-compagne). Et triple attaque : de son ex-compagne, de leur fille, de l’équipe. D’autres fois, ses paroles et ses attaques sont tellement visibles et osées que les personnes présentes restent dubitatives sur la possibilité d’un tel mépris et d’une telle abjection. Il pourra par exemple ouvertement monopoliser la parole afin que d’aucun n’ait le temps d’apporter des nuances à son discours, le contrecarrer. Et/ou rester silencieux au cours d’une réunion, voire faire mine de s’y ennuyer, pour que, quelques minutes avant la fin du temps imparti, presqu’au moment où les participants se lèvent, dire que tout ce qui a été évoqué pendant l’heure n’est en réalité qu’une perte de temps totalement improductive. N’ayant ceci étant rien proposé de probant mais annulant brutalement la valeur des réflexions et propositions de chacun des autres participants. Quoi qu’il arrive, il a besoin d’humilier l’autre, de lui faire éprouver des sentiments de nullité et de honte (la honte représentant le fait de se sentir indigne du genre humain). S’il attaque sa victime qu’en appartée, il le fera en lui parlant du regard et des opinions potentielles d’autrui envers elle.

Il aura dans tous les cas des victimes directes et indirectes. Appréciant que quiconque, individuellement et collectivement se sente désemparé et démuni. Aucune alliance réelle avec lui - pour les personnes mal intentionnées qui en seraient tentées - ne pouvant avoir lieu sans que ce choix ne se retourne dès que possible contre eux.

Parfois il pourra avoir deux victimes cibles en même temps. Ceci afin, tout en en attaquant une, de permettre à la seconde de se remettre quelque peu des attaques subies, se restaurer dans l’optique qu’elle ait de nouveau quelque chose de suffisamment consistant à attaquer et à vider. Pour ensuite laisser du répit à la première pour les mêmes raisons, tout en s’en prenant à la seconde.

Il peut également avoir pour cible non pas une personne mais uniquement un groupe.

Est-on victime d’un pervers narcissique uniquement lorsque l’on est en couple ?

Hélène Royer : on peut se retrouver être la cible d’un ou d’une pervers/e narcissique via toute forme de relation. Ceci, en opérant les mêmes mécanismes et tentatives de mise en impuissance d’autrui, que ce soit : en couple en tant que partenaire (cf. la vidéo : Fred et Marie , pour un couple sur huit ceci n’est pas une fiction, sur YouTube), en famille en tant qu’enfant, en tant qu’ami, en entreprise en tant que collègue (certaines techniques de management actuelles pouvant favoriser et même couvrir l’expression de la perversion narcissique), en tant que participant d’un groupe de détente ou de loisirs, d’une association, dans un groupe de formation.

video-play-icon
Fred et Marie : Pour un couple sur huit ceci n'est pas une fiction

Le pervers narcissique peut-il vraiment aimer ?

Hélène Royer : le/la pervers/e narcissique ne sait pas aimer. Il/elle créé un lien de dépendance affective mais pas d’amour. Les victimes disent qu’il/elle arbore à travers la relation amoureuse “un double visage soufflant le chaud et le froid”. Le ou la pervers/e narcissique ignore les sentiments profonds et véritables autre que ceux de revanche et d’hostilité du lien considéré comme dangereux. 

D'après les propos complémentaires de la psychologue belge et Youtubeuse Une psy à la maison (qui s'exprime très bien sur ce sujet à travers ses nombreuses et généreuses vidéos) : lorsqu’il offre par exemple des cadeaux, ce n’est que pour humilier sa/son compagne/gnon, soit parce que ce présent est démesuré, soit parce qu’il est inadapté à la taille, aux goûts de la personne. Ceci en lui mentant même parfois quant à ses réels moyens financiers. Le tout sous-couvert de séduction. 

En cas d’une séparation ou d’un décès, il/elle sera incapable d'éprouver de réels sentiments de tristesse et de deuil. Dans le cadre d’un deuil, il pourra un moment se montrer apparemment déprimé/e, mais à un examen attentif, il s’agira d'indifférence émotionnelle. Dans la cadre d’une séparation, il s’agira de ressentiment avec un désir de vengeance. Ayant besoin d’une personne cible, il fera tout pour que cette dernière pense ne pas parvenir à re/devenir indépendante, à s’auto-gérer. Si elle évoque la fin de la relation ou un divorce, il la menacera de ne pas pouvoir le quitter, voire de lui mener la vie dure.
 

Concernant la relation sexuelle, il/elle sera habile, à l'instar de la relation quotidienne, pour faire vivre à l’autre une objectalisation. Ceci, comme l'exprime très bien également la psychologue belge et Youtubeuse Une psy à la maison : jusqu'à entraîner son/sa partenaire vers des pratiques sexuelles qui ne lui conviennent pas. En proposant à l’autre tout ce qu’il/elle refuse, il pourra le/la culpabiliser du non-épanouissement de leur sexualité. Le/la partenaire pourra en arriver à conclure qu’il/elle a véritablement un problème avec ce qui est d’ordre sexuel. Alors qu’il/elle aura, en réalité, tout simplement répondu à une relation néfaste c’est-à-dire inadaptée et forcée. Une sexualité normale et épanouie s’accomplit lorsque deux partenaires se renforcent dans leur désir, à travers des actes sexuels souhaités et partagés. Usant de véritables tuent-l’amour, le pervers narcissique identifiera quant à lui le désir de l’autre pour d’autant mieux le contrecarrer. Il ira, par exemple, à l’encontre du rythme naturel de l’autre : imposant une période d'abstinence lorsque sa/son partenaire manifestera du désir sexuel, puis pressant l'autre lorsqu’il/elle n’aura pas d’envies. Pouvant même programmer une heure quotidienne pour faire l’amour ! Le/la partenaire pourra recevoir des griffures, des morsures, des coups prétendus involontairement liés à l'excitation, qui correspondront en réalité à une expression de sa violence. Dépassant comme à son habitudes les limites et imposant son pouvoir, il pourra ainsi obtenir sans commun accord, de façon tacite, biaisé, un acte sexuel non consenti. Sans omettre de pointer du doigt les imperfections physiques de l’autre. 

Ce faisant il dénaturalisera, dépersonnalisera sa/son partenaire, l’eloignant toujours un peu plus de lui-même, d’elle-même.
 

En famille il pourra également exposer les enfants à une sensualité et/ou une sexualité qui n’est pas de leur âge, afin de les en déranger, afin qu’ils ne puissent ensuite pas entrer dans une sexualité épanouie.

À travers son comportement sexuel le/la pervers/e narcissique fera ainsi tout pour détruire le plaisir naissant ou déjà-là de l’autre.

Est-ce que si l’on est déjà tombé entre les griffes d’un pervers narcissique, on risque à nouveau d’en rencontrer ?

Hélène Royer : Si cela arrive à nouveau à une personne via une relation amoureuse ou conjugale, elle pourra se demander ce qu’elle a vécu dans son histoire pour rechercher un/e partenaire semblant dans l’absolue maîtrise, sans failles, fascinant voire s’exprimant très bien, montrant une très grande assurance, de l’envergure. Pourquoi elle se laisse entraîner dans des débuts d’histoires très rapides voire fulgurants.

Si c’est dans d’autres contextes elle pourra s’interroger sur une éventuelle vulnérabilité qu’elle donnerait à voir pour une/des caractéristiques qu’elle n’assumerait pas pleinement : que ce soit des qualités ou des défauts. Sur sa bonne connaissance des règles de courtoisie et de bien vivre ensemble l'empêchant de repérer d'éventuelles attaques visibles ou déguisées. Sur ses aptitudes à se défendre en cas d’attaque d’autrui : que ce soit un pervers narcissique ou non. 

Quelles conséquences le comportement d’un pervers narcissique peut avoir sur sa victime ?

Hélène Royer : La victime va douter de ses qualités, ses compétences, ses choix, ses goûts, ses spécificités jusqu’à ne plus se sentir à la hauteur. Petit à petit dévalorisée et déconnectée de ses propres envies et besoins, elle va se décontenancer et se sentir nulle. En écho à l'incapacité du pervers narcissique à ressentir des émotions authentiques et variées, elle aura tendance soit à déborder émotionnellement en exprimant des émotions fortes jusqu'à être exagérément accusée d'être hystérique, soit à se renfermer en resterait silencieuse, médusée, accusée d'être inhibée et apathique, de ne rien dire, ne rien faire. Par un transfert de douleur, et comme il ne peut pas déprimer, il pourra également faire déprimer autrui à sa place puis l’accuser d’être faible, dépressif. Ses dénis pouvant mener les personnes cibles jusqu'à l'hôpital psychiatrique voire au suicide. Les victimes pourront aussi ressentir des choses désagréables telles de la colère, de la haine, insinuées par le pervers narcissique. 

Sujet 2 : Pervers narcissique : apprenez à vous en défendre !

Comment la victime peut-elle se protéger du pervers narcissique ?

Hélène Royer : Tout d’abord, il ne faut pas douter DEVANT le pervers narcissique (insinuer le doute étant l’un de ses moyens privilégié pour affaiblir autrui). Il faut, dès que c'est approprié et suffisamment visible, en appeler au respect car il n’a en justement aucun. Il faut lui manifester que l’on est pas dupe des paradoxes dont il use. Voire réaliser à son contact un virage à 180 degrés en référence au processus de retournement neutralisant et défensif qu’Emmanuelle Piquet à très bien décrit dans ses nombreux livres. La personne ciblée ne doit pas s’isoler.

Elle doit travailler à restaurer sa connaissance de ses valeurs, de ses compétences et son amour de soi. Elle doit bien comprendre, si elle a été victime en couple que le pervers narcissique ne l’a à aucun moment aimée !

La victime doit, par ailleurs, bien comprendre que le pervers narcissique n’est pas supérieur mais souffre, ce qui lui retire du pouvoir.

Elle doit savoir que la plus grande frayeur qu’il fait planer, celle de réduire à néant son sentiment d’exister, est en réalité impossible à réaliser. Les rescapés des plus inhumains camps de concentration ayant témoigné que même la plus infime pensée et/ou la plus infime souffrance, à bout de forces, leur rappelaient et contribuaient, même s’ils ne l’auraient pas voulu et aurait préféré mourir, à se sentir exister. Elle doit aussi comprendre que son sentiment d’exister relationnel ne peut pas dépendre d’une seule personne, mais de toutes les relations que l’on a pu entretenir au cours de notre vie et que l’on entretient autour de nous.

En outre, il faut savoir que si la personne ciblée va mieux, le pervers narcissique fera tout pour qu'elle aille mal, si elle va déjà mal, il fera tout pour qu’elle aille encore plus mal. Pour lui donner moins de prise sur ses états internes, la victime pourra se montrer comme émotionnellement lisse face à lui , comme non-vulnérable. Ceci à l’image d’une Tour Effeil - comme m’en avait fait part une femme aux prises avec une telle situation - ne pouvant être soufflée par la tempête et gardant une belle stature. Une Tour Eiffel avec des pieds, avait complétée une autre femme victime en formation, car non-paralysée !, pouvant se mouvoir.

S’il l’on n’a plus assez d’énergie pour se défendre, on peut simplement s’en aller. On n’est ainsi pas obligé de l’affronter. Ni d’y laisser sa santé.

Lors d’une attaque groupale, il est essentiel de ne pas se taire, sous l’effet de la sidération, en se disant que quelqu’un d’autre que soi va bien finir par intervenir. Il est ainsi important de réagir rapidement, face aux paradoxes et aux attaques, tout en restant dans le respect et la fermeté. Ceci en disant quelque chose du côté de la revalorisation, de la restauration du travail groupal. Il s’agit de demeurer cordial tout en montrant que l’on connaît bien les lois et les règles de savoir vivre. La personne qui ose affronter le pervers narcissique devra être immédiatement soutenue par au moins une autre personne assistant à la scène, car le pervers narcissique ne supporte pas que deux personnes (à l’image de ses deux parents) lui fassent front en même temps. L’idéal est d’essayer de le confronter à ses propres ressentis et émotions : comme c’est une coquille vide, cela le met grandement en difficultés.


Se défendre efficacement face à un pervers narcissique pourrait lui renvoyer qu’il a besoin d’aide. C’est pour cela que la prévention est essentielle.

Comment les proches d’une victime de pervers narcissique peuvent-ils aider ?

Hélène Royer : Premièrement, il ne faut pas laisser la victime s’isoler. Ensuite il faut lui rappeler ce qui fait sa personnalité, sa gentillesse, son importance en tant qu’être unique relié et différencié, ses valeurs, ses compétences. Lui expliquer en quoi ses pensées, ses envies et ses comportements ne sont pas inadaptés. L’encourager à se réinscrire dans des activités qu’elle apprécient. Lui rappeler ou lui expliquer qu’il n’existe pas d’individus moins importants que d’autres. Il faut lui demander si elle a déjà entendu parler de perversion narcissique. Puis la déculpabiliser de se retrouver aux prises avec un pervers narcissique. Ce, en lui communiquant tous les types de profils possible qu’il peut cibler (cf plus haut), et en lui permettant ainsi de prendre conscience qu’il peut s'agir de n’importe qui, notamment de non-averti !! Sans jugement, il est essentiel que les proches de la victime puisse lui demander ce que cette relation lui apporte de bon. Ne pas hésiter à lui proposer de consulter un psychologue, si elle en ressent le besoin (pas un psychiatre car son compagnon ou son employeur, en cas de divorce ou de licenciement, pourrait retourner cette démarche contre elle en prétextant qu’elle serait ainsi porteuse d’une pathologie, étant donné qu’elle aurait choisi spontanément un professionnel lié au domaine médical). Il faut l’encourager à rechercher de l’aide pour bien se défendre administrativement et partir ainsi dans de bonnes conditions. À bien protéger l’ensemble de ses papiers d'identité et documents administratifs en les scannant et à également bien protéger ses comptes bancaires avant même de prévenir le/la pervers/e narcissique de son souhait de le/la quitter. Procédurier, il aime humilier publiquement et fera tout pour que sa/son compagnon se sente frustré/e et démuni/e. De même il fera tout pour que sa/son compagne/gnon n’ait pas la garde des enfants, ceci tout en instrumentalisant ces derniers.

Les proches peuvent également montrer au pervers narcissique qu’ils ne sont pas dupes de ses stratagèmes.

Lorsque le pervers narcissique prend à la fois comme otage, comme témoin et comme seconde cible un enfant pour mieux attaquer sa/son ex-compagne/gnon, il est alors plus complexe d’aider ces deux victimes. L’enfant prit dans ce positionnement le subira et se retrouvera, comme à travers toute bataille parentale, dans un conflit de loyauté voire de trahison.

Sujet lui aussi de disqualifications, d’annulation dans ses besoins et désirs subjectifs ; entendant sans cesse que son autre parent est mauvais, il s'identifiera : soit au parent visé et aux émotions ressenties par ce parent, soit il prendra modèle sur le comportement manipulateur de son parent pervers narcissique. Ce, malgré les attaques qui lui seront adressés par son parent pervers narcissique.

D’ailleurs et à l’image des autres contextes dans lesquels il peut agir, le pervers narcissique créera les mêmes conséquences dans sa famille telles : une paralysie, un isolement des différents membres, l’installation du silence.
L’enfant ainsi entravé dans ses possibilités de grandir sereinement dans son expression de soi, sa connaissance de soi, en harmonie avec lui-même et les autres. Il pourra devenir : méfiant au contact des réactions émotionnelles des autres, suspicieux quant aux intentions réelles d’autrui, très sensible à la notion de mépris. Il pourra se sentir : intrusé dans ses liens à autrui, ne plus être sensible aux compliments, s’auto-annuler, craindre les remarques confondues avec des reproches, se sentir culpabilisé, jugé, honteux. Il pourra devenir : un enfant vulnérable, docile, soumis, ressentir une soif d’être aimé, regardé et entendu ; ou bien devenir en miroir du comportement déviant de son parent pervers narcissique, un enfant disqualifiant les autres, voire agressif et tyrannique.

Afin d'éviter que cet enfant ne sombre, il sera important de l’interroger sur ses pensées, sur son monde imaginaire dans lequel il va s'évader et de les qualifier. De valoriser l’importance de cet univers intérieur et de ses ressentis intérieurs. De sa richesse intérieure. Lui dire que son parent pervers narcissique n’a pas raison, car il est quelqu'un de bien mais qu’il n’a pas à le lui prouver (ce qui est difficile pour un enfant). Lui dire également qu’il est comme tout un chacun capable de... mais sans en attendre de sincère reconnaissance de son parent pervers narcissique qui minimisera ses réussites ou les utilisera comme faire-valoirs. Il faudra l’encourager à jouer avec d’autres enfants et échanger sur leurs différences, sur leurs affinités, sur ses copains et leurs plaisirs partagés.

En tant que parent victime vous pourrez également lui manifester que vous l’aimez juste parce qu’il est votre enfant.

Le pervers narcissique divise pour mieux espérer se sentir exister. Si un juge l’estime nécessaire, un service social mandaté par la justice sera sollicité pour réaliser une enquête aux domiciles des deux parents. Enquête suite à laquelle, sera instauré l'accompagnement par un éducateur de cet enfant, sur ses deux lieux de résidence. 

Hélène Royer est psychologue et thérapeute conjugale.
Elle reçoit dans le cadre de thérapies individuelles sur Lyon 9ème.

Bibliographie et références :

André Sirota, Figures de la perversion sociale, Broché, 2003

Jean-Claude Racamier, Les perversions narcissiques, Payot, 2012

Jean-Claude Racamier, Le génie des origines, Broché, 1992

Emmanuelle Piquet, Faites votre 180 degrés, Payot Psy, 2015

Youtube : Fred et Marie : pour un couple sur huit ceci n’est pas une fiction.

Les manipulateurs sont parmis nous - Isabelle Nazare-Aga

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