Hélène Royer
Psychologue Lyon 6

Neutraliser les attaques perverses et/ou manipulatoires

Pour neutraliser les attaques relationnelles perverses narcissiques et toxiques :

1. Répondez-lui en tant que personne et non en tant que victime. C’est la personne que vous êtes qui doit lui répondre !

Le/la pervers/e narcissique vous installe sur un ring sans vous demander votre avis. Vous retrouvant ainsi face à un poids léger, moyen ou lourd, selon son degré de nocivité et de subtilité. Ceci même si vous n’avez jamais appris à combattre !

Fort heureusement une première technique de neutralisation, eu égard à cette situation, est de passer sans le lui dire, derrière les cordes de ce ring. Pour répondre d’ici, à ses manœuvres, sans en recevoir les coups. Afin qu’il se retrouve à s’épuiser seul sur ce ring. Même si vous en restez la cible.

Et même si en réalité, pour le/la pervers/e narcissique - nous y reviendrons plus tard - tout un chacun est une cible.

« L’un de ses buts étant le spectacle que fournit la mise en impuissance d’un tiers avec la participation du plus grand nombre de témoins-otages et/ou de complices actifs ou passifs. Ces complices étant simultanément dûment manipulés. » (André Sirota, Figures de la perversion sociale, 2003).

2. Faites-lui ressentir que vous savez que vous avez du pouvoir (positif) sur votre vie. Nous avons chacun du pouvoir sur notre vie afin de créer des cercles vertueux ou vicieux.

Les personnes bien intentionnées considèrent souvent le pouvoir comme quelque chose de négatif et ainsi comme une patate chaude dont elles ne savent que faire !

Alors prenez bien conscience que nous avons chacun, donc que vous avez, du pouvoir positif sur votre vie, et faites-le lui ressentir.

3. Lorsqu’il/elle prend le dessus sur vous et/ou vous rabaisse, re/positionnez-vous dans la relation au même niveau que lui/qu’elle.

Car quelque soit sa qualification ou sa fonction, il/elle n’a pas à atteindre à votre dignité, à vous manquer de respect, en abusant du pouvoir que lui confère son statut. Remettez-le/la ainsi naturellement à sa place. 

A l’inverse : ne renchérissez pas réactionnellement en prenant le dessus ou en le/la rabaissant à votre tour. Cela alimenterait uniquement la situation... 

Sauf si vous disposez d’un ego sain et que vous vous basez sur des valeurs fondamentales très incarnées.

Veillez à bien Répondre à la situation et non pas à y Réagir (cf. point n°8).

4. N’essayez pas d’aboutir à une compréhension mutuelle. Le/la pervers/e narcissique, tout comme les manipulateurs en général, réintroduit sans cesse de l’incompréhension dans la relation. Accusant systématiquement leur interlocuteur/trice d’être le/la responsable de cette incompréhension. Ce qui mène à un cercle sans fin ! Au sein duquel vous serez le/la seule à rechercher cette compréhension mutuelle des ressentis et des points de vue de chacun en vous y épuisant, jusqu’à vous sentir démuni/e, impuissant/e. Choisir d’échanger sur le mode de la Communication Non Violente (CNV) : chacun exprime ses ressentis et une solution co-constructive est trouvée-crée, est par conséquent improductif auprès d’eux/d’elles. Cette dernière menant aux accusations adressées et à l’emprise. Il/elle vous dira ainsi sans cesse de manières variées : « TU ne me comprends pas » voire : « Je ne TE comprends pas » sous entendant que vous êtes moins intelligent/e que lui/qu’elle.

Pour s’en protéger et s’en défendre, il vous faudra à l’inverse pointer/nommer ces incompréhensions (sans plus chercher ainsi à les résoudre) . En en appelant à l’altérité, et en les resituant dans la relation. Vous pourrez par exemple rétorquer ceci : « NOUS sommes au moins D’ACCORD sur un point c’est que NOUS NE NOUS COMPRENONS PAS ». Ou bien ceci : « C’est bien/justement parce que NOUS NE NOUS COMPRENONS PAS sur ce/s point/s (ou bien) que NOUS ne sommes PAS EN ACCORD sur ce/s point/s que NOUS NOUS séparons ».

« Tu as le droit de penser différemment que moi. Cela ne me dérange pas », pouvant s’ensuivre cette question concrète : « Alors comment fait-ON ? ».

5. Ne doutez pas devant lui/elle.
S’il/elle vous dit : « Tu n’as pas le sens de l’humour ». Répondez-lui par ex : « Si je pense que j’ai le sens de l’humour. Tu as le droit ceci étant de ne pas apprécier le mien”. S’il/elle vous reproche d’avoir de mauvais goûts vestimentaires, de ne pas savoir bien cuisiner, etc., répondez-lui : « J’aime bien ma façon de me vêtir. Tu as le droit de ne pas l’apprécier » ou bien « Je suis satisfait/e de mes plats. Je constate en effet que nous n’avons pas les mêmes goûts. Comment pouvons-nous faire ? ».

6. Ne vous justifiez pas ! Lorsqu’il/elle sème le doute, vous accuse, vous dénigre. Restez dans les faits, le retour aux limites, à l’appel à l'altérité et au respect !

7. Lorsqu’il/elle exagère ramenez de la normalité au discours, lorsqu’il/elle le banalise apportez-y des nuances.
Exagérations > Normalisation
Banalisations > Nuances
e

L'une de mes patientes, par exemple, en instance de divorce depuis 6 mois, avait pris soin (sous mes conseils) de ne pas informer monsieur de sa décision de déménager, afin qu'il ne puisse pas mettre en place des mesures inverses dans la seule intention de la court-circuiter. Bien sûr il lui demandait très régulièrement si elle souhaitait ou non racheter sa part de la maison, ou si elle souhaitait déménager, la pressant d'y répondre urgemment. Lui annonçant de son côté, pour la tester émotionnellement, un choix puis son contraire. Nous ne laissions ainsi pas le plaisir à monsieur de pouvoir mettre en place une stratégie plus fine et délétère envers madame. Cela étant, madame trouva un appartement. Elle dû au bout d'un moment (aux 6 mois de leur séparation en cours) l'annoncer à monsieur (ne pouvant pour des raisons pratiques relatives à sa situation attendre qu'il l'apprenne via leurs avocats respectifs). Ce qu'elle fit en présence de leurs deux enfants. Monsieur s'en saisit de suite et formula avec assurance et conviction, toujours bien entendu devant leurs enfants :  « Ah bah voilà ! Tu nous abandonnes !  ». Heureusement ayant travaillé ceci en séance, madame, entraînée, lui répondit :«  Non. Comme tout couple qui se séparent, nous allons juste, et très logiquement, ne plus vivre sous le même toit » (ramenant ici l'exagération à une normalisation). A quoi elle ajouta :  « Et puis la définition de l'abandon est bien plus nuancée que ça ». (ramenant la banalisation du ce concept par monsieur à plus de nuances). Le tout, vous l'aurez remarqué, sans se justifier. 

 

Ne soyez également pas impressionné/e par ses utilisations abusives orales et écrites : de superlatifs, d’adverbes, d’adjectifs qualificatifs tels que : totalement, complètement, incapable, irresponsable, inacceptable, ahurissant, aberrant, impensable, illogique, incompétent/e, nul/le, insensé/e, incroyable, délirant, fou, jamais vu, vide, indéniablement, inconsistant/e, cataclysme, plus bas que terre, anéanti, etc.

“Ces différents mécanismes de disqualification lui permettent de proclamer tout en les récusant (c’est-à-dire : n’accorder aucune valeur) et tout en les comparant à d’autres critères de valeurs : l’Humanisme, la Subjectivité, l’Affectivité d’autrui, l’Attention portée à la personne par quelqu’un d’autre que lui-même, la Convivialité, le rappel à la nécessité de Règles de Courtoisie pour être/parler ensemble, les Intérêts de chaque individu, l’Objectivité, l’Entreprise, la Technologie, la Productivité, le Développement économique, la Science, la Nouveauté, la Modernité, le Service Public, l’Etat, le Peuple, les Idées de la Révolution française, l’Idéal démocratique, les Valeurs, le Dévouement, les Déshérités, l’Harmonie, l’Art et l’Eveil de la sensibilité artistique, l’Innovation, la Pédagogique, la Pédagogie nouvelle, « l’Etre suprême » de Robespierre, le Droit des élèves, ou encore le Droit d’une autre majorité ou minorité marginale ou exclue intéressante, etc. Son/ses choix dépendant/s de l'aire culturelle ou idéologique de l’organisation où il se trouve” (André Sirota, Figures de la perversion sociale, 2003).Image supprimée par l'expéditeur.

8. REPONDEZ aux situations contextes qu’il/elle créé au lieu d’y REAGIR. Rappelez-lui en lui répondant : les règles de respect, l'altérité, la loi. Usez si besoin d’un 180 degrés (cf. l’ouvrage d’Emmanuelle Piquet, Faites votre 180 degrés, 2015, Payot).

 

9. Si vous ne savez pas quoi répondre à une question oppressante qu'il/elle vous pose, sous forme d'urgence, jouez comme lorsque vous étiez enfant (avec ceci étant à présent des réponses d'adultes) "au jeu" du "ni oui ni non" en rétorquant par ex :  « Je suis en train d'y réfléchir »,  « C'est une décision importante qui demande du temps »,  « J'hésite. Je t'en informerai dès que j'aurai pris la décision qui me semblera la plus juste/la plus équitable », etc. 

 

10. Faites-lui ressentir que vous savez que vous avez un espace privé, une intimité, un insight, auquel il/elle n’a pas accès. Le/la pervers/e narcissique tente de faire croire à sa victime qu’il/elle sait mieux qu’elle ce qu’elle pense, entend, voit, ressent comme si elle était transparente. Faites-lui ressentir que vous savez que cela n’est pas possible !

11. Restez en dehors du jeu de la culpabilité auquel il/elle souhaiterait vous voir vous enliser.

La CULPABILILITE dans sa fonction saine permettant à tout un chacun d’accéder à l’altérité, au respect (en présentant des excuses si l’on a blessé autrui) ainsi qu’à la RESPONSABILITE (culpabilité et responsabilité étant couplées à l’image des concepts de honte/dignité, abandon/place, in/justice/vérité, rejet/intégrité, non reconnaissance/identité, humiliation/estime de soi).

Donc grandissez en conscience si vous vous êtes mal comporté et arrêtez de vous fourvoyer dans une culpabilité sans fin dans laquelle le/la pervers narcissique essaie de vous égarer, vous enliser pour installer, maintenir et renforcer son emprise.

12. Ne manifestez pas de pitié excessivement compassionnelle envers lui/elle car cela ne lui rendrait pas service. Parlez-lui de personne à personne, d’individu à individu.
Sortez ainsi du triangle de Karpman : sauveur/soignant, victime, persécuteur/bourreau.

13. Invitez-le/la à exprimer sincèrement ce qu’il/elle ressent, à formuler un « je » sincère.
Ce qu'ils ne savent pas faire... et les met dans l'embarras. 


De façon très schématique : les pervers/es narcissiques « se sentent être au monde » mais n’ont pas de « sentiment d’exister » dans le sens d’« une intériorité confortable leur permettant de se sentir unique et relié en tant qu’être autonome et différencié » (André Sirota, Figures de la perversion sociale, 2003).

Ils/elles jouent ainsi sans cesse la comédie concernant les émotions agréables auxquelles ils/elles n’ont pas accès. S’exprimant rationnellement, même lorsqu’ils/elles font mine d’exprimer des émotions.

Les sentiments permanents auxquels ils/elles ont accès étant étant ceux de : l’hostilité, la vengeance, la haine, le mépris, l’humiliation, le pseudo-pouvoir, la sur valorisation du narcissisme, le fantasme d'auto-engendrement.

14. Attention aux vexations : la vexation est un très bon outil pour avoir une emprise sur autrui. La personne commence à se vexer parce que vous avez positionné une petite cuillère d’une manière qui lui déplaît en installant le couvert. Puis vous vous dites, puisque ce n’est qu’une histoire de petite cuillère, que vous l’installerez différemment la prochaine fois, pour éviter la crise. Cela se reproduit dans d’autres contextes et vous perdez petit à petit votre spontanéité afin d’éviter ces vexations (accompagnées d’autoritarisme, de colères, voire de pleurs du/de la partenaire, menant progressivement à un positionnement tyrannique de cette personne). Il en va de même face aux tsunamis émotionnels impressionnants devant lesquels la meilleure attitude est de se positionner en témoin conscient de cette situation et/ou de partir calmement dans un autre pièce/faire un tour à l'extérieur.

Si vous faites systématiquement ce que la personne toxique qui implose/explose vous demande (disposez la petite cuillère comme il/elle le souhaite, ne plus vous maquiller ou l’inverse, ne plus porter certains vêtements, etc.) vous entrerez alors dans un processus qui risquera de vous dépersonnaliser progressivement. Et votre intention se réduira alors aussi progressivement à “avoir la paix” ce qui ne sera pas le cas puisque cette demande sera sans fin. Car à quoi que vous vous pliez, une nouvelle demande accompagnée de vexations voire de tsunamis émotionnels arrivera :  « Pourquoi as-tu mis 3 minutes à répondre à mon SMS !!!!!  » par ex.

15. Ne lui donnez pas accès à votre météo émotionnelle. Autrement dit, ne lui donnez pas la possibilité de prendre la mesure de votre état émotionnel. Restez spontané/e, centré/e, aligné/e face à lui sans qu’il/elle ne puisse savoir si votre ciel émotionnel est ensoleillé, nuageux ou pluvieux

16. Restez en dehors de sa normalité à lui/à elle !

 

17. Montrez-lui ainsi que ces manœuvres avec vous ne marchent pas ! Soyez  « Un gentil/une gentille qui sait se défendre (cf. Emmanuelle Piquet). 


18. Enfin demandez-vous quel avantage il/elle a à être en relation avec vous ? Matériel, statutaire, etc. En quoi êtes-vous un faire-valoir pour lui/elle ?

En groupe (extraits/reformulations d'un ouvrage d'André Sirota, Figures de la perversion sociale, 2003) :

Éviter en tant que participant d’un groupe de rester sous l’effet de la sidération tout en se disant que quelqu'un d’autre que soi intervienne (en se disant intérieurement que quelqu’un d’autre que soi va bien intervenir…). Formuler ainsi quelque chose du côté aussi bien : de la restauration, de la revalorisation groupale (de l'esprit du travail groupal) ; que de la revalorisation, de la restauration individuelle et inter-individuelles.
En appeler au respect. Ceci en s'appuyant autant sur ce qui se passe dans la relation, qu’en en appelant à l’altérité.
En appeler aux règles de bien vivre ensemble, à la loi.
« Il est [de ces faits] important de se reconnaître chacun comme participant à part entière c’est-à-dire concerné par les manifestations inconscientes individuelles et collectives, en groupe et dans les organisations » (André Sirota, Figures de la perversion sociale, 2003).

Une technique de neutralisation efficace face à la perversion est également bien sur la solidarité.


Si l’on démasque un/e pervers/e narcissique en public, pour le remettre à sa place. Cela aura valeur d’humiliation pour lui/elle.


Conséquences sur les enfants :
Méfiance
Perfectionnisme
Dépendance affective
Baisse de l’estime de soi
Culpabilité


Bibliographie :
André Sirota, Figures de la perversion sociale, 2003.
André Sirota, Les pervers narcissiques : comprendre, déjouer, surmonter, 2017.
Paul-Claude Racamier, Les perversions narcissiques, Payot, 2012
Paul-Claude Racamier, Le génie des origines, Broché, 1992
Emmanuelle Piquet, Faites votre 180 degrés, 2015, Payot.
Annie Boyer-Labrouche, psychiatre, psychothérapeute, thérapeute de couple, art-thérapeute, Toulouse. Magazine Santé Mentale N°188. Mai 2014. La perversion narcissique dans le couple, p46.
Youtube : Fred et Marie : pour un couple sur huit ceci n’est pas une fiction.
Bande dessinée : Tant pis pour l’amour de Julie Lambda.

Le pervers narcissique n’apprécie pas :

1. D’être démasqué : le fait d’être démasqué l’amène à s’énerver, se mettre en colère tout en se victimisant. Ceci, dans l’optique de sauvegarder ce masque. Après quoi, il fera à nouveau bonne figure - figure d’autoritarisme, de sérieux et/ou de séduction - pendant un temps. Ce, le temps de renforcer sa stratégie initiale, pour laquelle son sentiment de vengeance aura alors augmenté (de part ce fait d’avoir été démasqué). Pour finalement aboutir à de nouveaux abus de pouvoir menant à une plus grande emprise. 


2. La plus grande peur du pervers narcissique est l’humiliation.

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